Crédit Photo : Le Monde

Le procès en appel n’aura rien changé : Jean-Marc Reiser a été condamné jeudi par la Cour d’assises du Haut-Rhin à la même peine qu’en première instance, la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté pour l’assassinat de Sophie le Tan en 2018.

« Vous êtes reconnu coupable de l’assassinat de Sophie Le Tan », a déclaré la présidente de la Cour, Christine Schlumberger, après environ trois heures de délibéré. L’accusé n’a manifesté aucune émotion à l’énoncé du verdict. « Je ne suis pas un monstre froid et sanguinaire », avait pourtant tenté de plaider l’homme de 62 ans dans sa dernière prise de parole.

S’il a reconnu avoir tué la jeune étudiante de 20 ans d’origine vietnamienne « dans un accès de fureur », puis l’avoir démembrée avec une scie à métaux avant d’aller enterrer les restes du corps dans une forêt, il a en revanche toujours contesté avoir prémédité son geste. Mais les jurés n’ont pas suivi les arguments de cet homme au lourd passé judiciaire, jugé en état de récidive légale après une première condamnation pour viols et agressions sexuelles en 2003, et qui faisait face à son sixième procès d’assises.

Il devra par ailleurs verser un total de 435 000 euros d’intérêts civils aux proches de Sophie. Les jurés ont suivi les réquisitions de l’avocat général et prononcé la même peine qu’en première instance, la peine la plus lourde qu’il encourait.

« Il faut respecter cette décision », a sobrement réagi l’un de ses avocats, Me Emmanuel Spano, qui ne pouvait pas dans l’immédiat indiquer si son client entendait se pourvoir en cassation. Il dispose de cinq jours pour le faire.

« Nous sommes soulagés (de) ce verdict », a réagi la mère de Sophie, Huong Le Tan, s’exprimant en vietnamien. Mais « la douleur de la perte de notre fille va me poursuivre jusqu’à la fin de ma vie. Nous ne voulons pas de la vengeance mais il est important que la société soit protégée des agissements de ce type d’individus. » « La justice est passée », a réagi l’un de leurs conseils, Me Gérard Welzer, saluant un procès « exemplaire » qui aura malgré tout constitué « une épreuve » supplémentaire pour la famille.

Les jurés ont répondu oui aux quatre questions qui leur étaient posées : l’accusé est-il coupable d’avoir volontairement commis des violences sur Sophie Le Tan ? Les violences ont-elles entraîné la mort ? Avait-il l’intention de donner la mort ? Avait-il prémédité ses actes ? Démembrée à la scie à métaux, Sophie Le Tan avait été enterrée en lisière de forêt. Le corps de l’étudiante de 20 ans avait finalement été découvert un an après par hasard, par des cueilleurs de champignons. Cinq ans et deux procès d’assises plus tard, certaines zones d’ombre persistent, notamment la cause exacte de la mort de l’étudiante : l’état de décomposition du cadavre n’a pas permis de la déterminer.

Dans ces circonstances, deux versions se sont affrontées tout au long des huit jours de ce procès. L’accusation soutenait que Jean-Marc Reiser, ancien fonctionnaire de catégorie A, diplômé en archéologie byzantine, avait sciemment élaboré un stratagème pour attirer une étudiante dans un piège chez lui, afin de l’abuser sexuellement, avant de lui donner la mort, de manière préméditée. La défense, au contraire, s’en tenait aux aveux du suspect, formulés en toute fin d’enquête, lorsque l’ensemble des experts avaient rendu des conclusions auxquelles il avait eu accès. Et qui lui permettaient donc peut-être d’adapter sa version…

Selon son récit, il avait tenté, à l’issue de la visite de son appartement, de prendre la main de Sophie Le Tan et de lui faire la bise. Celle-ci l’avait alors repoussé en l’insultant, provoquant chez lui « un accès de fureur » qui s’était traduit par de multiples coups de pied et de poing. L’étudiante, poids plume (1,55 m, moins de 55 kilos) face à un logeur baraqué (1,88 m, plus de 90 kilos à l’époque), se serait alors effondrée, percutant fatalement la cuvette des toilettes. La défense espérait ainsi que les jurés ne retiendraient que des « coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner », ce qui aurait impliqué une peine symboliquement moins lourde de 30 ans de réclusion.

Source : AFP

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