Crédit Photo : Le Devoir

Disparu depuis le dimanche 18 Juin 2023, les débris du « Titan » ont été retrouvés par les gardes de côtes américains le 22 Juin 2023. Toujours selon les gardes de côtes et l’entreprise OceanGate, les cinq passagers du submersible auraient été victime d’une implosion.

Dans ce dossier nous allons tenter de reconstituer et de comprendre ce qui s’est a priori déroulé lorsque le sous marin « Titan » a implosé. Au cours de ce dossier, nous avons relevé quelques points d’ombres.

Qu’est-ce que le « Titan » ?

Entouré d’une fibre de carbone, le « Titan » est composé d’une coque cylindrique en titane. Le « Titan » fut construit en 2017 par OceanGate, une entreprise qui organise des visites touristiques en eaux profondes. Pesant 10 432 Kg, et d’une longueur totale de 6,70 m de long pour 2,80 mètres de diamètre, il possède une autonomie de 96 heures en oxygène. Le submersible est prévu pour être exploité à un palier maximum de 4 000 m de profondeur. Il est important de noter que malgré l’homologation du hublot, celui-ci dispose d’une limite théorique de 1 300 mètres. En effet, l’entreprise en charge de l’exploitation de ce sous-marin n’a pas souhaité payer le supplément pour son homologation au palier maximum des 4 000 mètres. Faut-il voir ici un premier point de négligence ? Nous y reviendrons ultérieurement. Le sous-marin d’exploration en eaux profondes contient plusieurs équipements afin de faire évoluer celui-ci horizontalement et verticalement, dans l’espace.

Equipement du sous-marin Caractéristiques
Moteurs électriques ( x4 )Permettent d’atteindre la vitesse de 5,6 km/h
Ballasts Permettent de faire varier le poids du sous-marin
Un lest Permet en cas de panne, de larguer un poids pour alléger le submersible
Tableau récapitulatif des principaux équipement de « Titan ». DONNÉES : OceanGate

D’après les données de la National Oceanic and Atmospheric Administration, le submersible avait une durée de plongée limitée par rapport à des sous-marins robotisés ou nucléaires. Il est donc nécessaire que celui-ci soit accompagné d’un bateau qui procède à son lancement ainsi qu’à sa récupération et sa surveillance. Il est important également de noter que la trappe d’accès au sous-marin n’est accessible que par l’extérieur. Il est donc impossible pour les personnels présents à bord de l’ouvrir de l’intérieur.

De plus, selon OceanGate, le submersible ne peut contenir que cinq personnes parmi lesquelles, on retrouve un pilote, un guide expert et trois passagers. Une exploration complète prévoit deux heures de descente, trois heures d’exploration et de visites sous-marine puis deux heures de remontée pour regagner la surface.

Que s’est-il donc passé en ce 18 Juin 2023 ?

Récit réalisé d’après les données obtenues auprès de l’agence Reuters.

La début de la descente, puis la perte de contact

Nous sommes un matin sur l’océan Atlantique. Il est 9h30 lorsque le submersible quitte le bateau pour s’enfoncer dans l’océan pour une descente de deux heures, d’après le CCCOS (Centre de Coordination Conjoint des Opérations de Sauvetages). Celui-ci est accompagné du brise-glace canadien Polar Prince.

Après environ 1 heure et 45 minutes de descente, à 11h15 (heure française), les contacts radar et radio sont perdus. Dès lors, le sous-marin ne refera pas surface. Peu de temps après, les autorités sont déclenchées. Le CCCOS est prévenu que le « Titan », n’est pas remonté à l’horaire prévue. Vont alors s’entamer d’intenses recherches sur le lieu présumé de disparition. En accord avec le centre conjoint de sauvetage, des navires des garde-côtes américains sont dépêchés sur zone et débutent les recherches. Un C-130 Hercules et un P-8 Poseidon arrivent sur zone. Ils seront plus tard rejoints par un P-3 canadien lanceur de balise acoustique marine. La zone à couvrir est vaste. Les recherches en surface et sous l’eau s’étendent sur 1 450 km à l’Est du cap Cod. Cela représente ainsi 20 000 km2. Dans la foulée, l’IFREMER (L’Institut Français de Recherche pour l’Exploration) envoie son bâtiment, l’Atalante, à la demande de l’US Navy. À son bord, le robot autonome Victor 6000, capable de plonger à plus de 6 000 mètres de profondeur. Il était dirigé par des opérateurs qui venaient de Toulon.

Avec la disparition du submersible, se pose la question des réserves d’oxygène. Nous avons vu précédemment que l’autonomie en oxygène du sous-marin était de 96 heures. Or, la disparition est survenue à 1h45 de plongée. Il reste à ce moment là 94 heures et 15 minutes d’oxygène. La durée d’oxygène sera donc théoriquement dépassée le 22 Juin 2023. Dans la journée du 21 Juin 2023, des bruits sont captés par les bouées acoustiques d’un avion canadien. Selon l’US Navy, « ces bruit se produiraient à un intervalle régulier de 30 minutes ». A partir de là, on pourrait en déduire que les passagers sont encore vivants. Cependant une information importante va être révélée. Selon les garde-côtes américains, ces bruits ne proviendraient pas du sous-marin. Se pose alors une autre question : Où se trouve le sous-marin ?

La réponse à cette question est très vite donnée par les garde-côtes. Des débris du submersible ont été retrouvés sur zone. Les débris sont d’ailleurs toujours en cours d’analyse.

Selon un ingénieur en Pilote et Emploi, et disposant d’un diplôme de l’école de l’air obtenu en 1982 que nous avons contacté, lors d’une implosion le sous marin est broyé par la pression extérieure.

C’est effectivement lundi 19 Juin 2023, que j’ai suggéré une implosion du « titan« . C’est d’ailleurs l’hypothèse la plus probable. Le sous-marin lors d’une implosion est broyé par la pression extérieure. À 4 000 mètres sous l’eau, la pression est 300 à 400 fois supérieure à la pression terrestre. On peut donc penser que sous l’effet du broyage de la coque du sous-marin, l’eau s’est engouffrée à l’extérieur.

Un ingénieur en Pilote et Emploi et diplomé de l’école de l’Air

Selon une autre experte, deux hypothèses apparaissent. La première, une implosion violente qui justifierait la présence de débris éparpillés sur la zone de recherche.

En l’occurrence avec l’étalement des débris retrouvés, on peut supposer qu’il s’agit effectivement d’une implosion très violente ce qui n’est pas obligatoire. Je crois que le submersible était à 9 000 ou 10 000 pieds quand le drame est survenu. Disons 3 500 mètres sous la surface. L’eau située au-dessus pèse sur l’engin, s’ajoutant à la colonne d’air au-dessus de la surface. En négligeant la densité de l’eau dans ces mers, on dira que la pression était de (3500/10) + 1 soit environ 351 bars. À peu près 351 Kg/cm2. Le volume du submersible s’est retrouvé réduit 350 fois en négligeant quelques facteurs.

Jessica Gotti, Ingénieure en électronique et logiciel embarqué.

Toujours selon cette experte, il faut s’imaginer un cube d’un mètre de coté réduit à la taille d’un cube de 14 cm de coté. La montée en pression a instantanément détruit tous les organes des passagers avant même qu’ils aient eu conscience d’un problème majeur.

Olivier Galand, ingénieur en génie logiciel affirme dans un message sur Quora :

À grande profondeur, c’est rapide et indolore (je ne suis même pas sûr que l’influx nerveux de la douleur ait le temps de monter au cerveau).

Olivier Galand, Ingénieur génie logiciel
La démonstration d’une implosion. Crédit image : Techemman, Youtube

Toujours selon cet expert :

Ce container a été rempli de vapeur d’eau, à 1 bar (la pression atmosphérique), on le refroidit ensuite pour que la vapeur se liquéfie (quand cela arrive, on a peu d’eau liquide dans ce container et du vide). Voyez avec quelle violence le processus se fait : la pression a une puissance très sous estimée par le grand public… On peut couper de l’acier avec de l’eau sous pression.

Olivier Galand, Ingénieur génie logiciel

Cet accident expliqué par de nombreuses négligences

Selon OceanGate, « Titan » n’a jamais été certifié de manière indépendante car sa conception était trop innovante pour être certifiée. Cependant, même sans une telle approbation, il est légal de l’utiliser dans les eaux internationales. Un multimillionnaire est sur le point de faire le dernier plongeon du « Titan ». L’entreprise a changé d’avis à la dernière minute en raison de la conception de l’équipement.

Un conflit interne serait aussi une cause de ces négligences. D’après le média américain The New Republic et l’agence française AFP, David Lochridge, ex-dirigeant de l’entreprise OceanGate et responsable à l’époque de « la sécurité de tous les équipages et clients » a été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sécurité du Titan auprès de sa direction. Le directeur général d’OceanGate, Stockton Rush, avait demandé à David Lochridge de procéder à une inspection de qualité sur le Titan, mais les investigations de ce dernier ont été entravées et l’accès à des documents concernant le hublot lui a été refusé. Selon Lochridge, l’engin ne pouvait pas aller à une profondeur aussi extrême, le hublot n’étant conçu que pour descendre à 1 300 m au maximum, alors que l’engin devait se rendre à 4 000 m. Toujours selon lui, l’entreprise a refusé de réaliser certains contrôles non destructifs pourtant cruciaux pour s’assurer de la capacité du submersible à résister à la pression qui atteint 400 fois la pression atmosphérique à cette profondeur, soit environ 400 bars. Il est licencié peu après, pour avoir violé une clause de confidentialité.

En conclusion, cet accident est sans doute, et comme trop souvent, issu de défaillances humaines en raison de volontés d’économies. Ce sont ces négligences qui sont à l’origine de l’accident. À l’heure où est écrit ce dossier (Jeudi 29 Juin 2023 – 16h47), des débris et des restes de corps ont été retrouvés par les garde-côtes américains. Ils permettront d’aider à approfondir les circonstances.

Sources : AFP, the Guardian, Ocean Gate, Wikipédia, Quora

Réalisation et écriture : Arthur BEX

Ligne éditoriale : Enzo MOREL

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